Monument de l’indépendance de Kévé, une victime collatérale : Populations et têtes couronnées réclament leur monument

Il trônait au bord de la voie Lomé-Kpalimé, passant à travers la ville de Kévé avant les travaux de réhabilitation, exécutés par l’entreprise EBOMAF, mais le constat à notre passage dans la localité il y a quelques jours, il n’est plus à l’endroit mais endommagé et déposé à des centaines de mètres plus loin dans les broussailles, dans une ruelle. C’est bien le monument de l’indépendance qui faisait office de symbole de l’indépendance pour les populations de cette localité mais aussi et surtout de l’alliance et de la bonne collaboration existante entre leurs pères et feu président et père de l’indépendance du Togo, Sylvanus Olympio.

Pour en savoir plus sur le ressentiment de la population de cette ville nous entreprîmes d’échanger avec certaines personnes ressources de la localité. Et voici ce qui en ressort. Entre autres de ces personnes, il y a Togbui Nodjo IV, chef du village de Kévé Avévoin. « Nous étions là quand on nous a dit qu’on va réhabiliter la route Lomé-Kpalimé qui passe dans notre localité. Dans la faisabilité de cette réhabilitation, on a constaté finalement que le monument de l’indépendance, existant depuis le temps d’Olympio, qui est un moment d’un grand souvenir pour toute l’Avé et surtout nous populations de Kévé, a été cassé et qu’il n’y a pas eu de réhabilitation de ce monument. Hors, ce monument n’est pas n’importe quel monument ou n’importe quelle pierre là-bas. On se rappelle que c’est lors d’une visite à Kévé dans la fièvre de la lutte pour l’indépendance du Togo que les populations, reconnaissant la bravoure de l’homme, ont pris sur elles de le porter sur une diligence sur une longue distance. Ayant proclamé un discours solennel au cours de cette visite, c’est là il a décidé de l’érection de ce monument qui sera réalisé par la suite. C’est donc le symbole de l’alliance entre Olympio et les populations de Kévé », racontait cette tête couronnée, avant de s’alarmer sur les conséquences de ces travaux de réhabilitation. « Dans la réalisation des travaux, on constate que ce monument a été enlevée et n’a plus être remis à sa place après les travaux. Si quelque chose peut être fait pour que ce monument puisse être remis à sa place et apaiser les cœurs des populations, le réhabiliter et le rendre encore plus joli, ce sera une bonne chose. C’est un monument symbole de l’alliance avec Olympio. Des jeunes et les CVD ont entrepris des démarches pour que EBOMAF revienne remettre en place ce monument mais rien n’y fit. Au temps des indépendances, ce fut des populations de Kévé très engagées qui vont à pied de Kévé à Lomé pour manifester leur soutien à Olympio et la lutte qu’il menait. C’est donc en reconnaissance de ce soutien dont Olympio a bénéficié de la part de ces populations que cette pierre ou monument a été érigé. Autre symbole de cette alliance, il y a le premier poste de circonscription, donnée à Kévé après l’indépendance. Il n’y a pas que le monument qui a été affecté par les travaux mais il y a aussi la clôture du stade de Kévé », avait-il poursuivi.

Dans la même dynamique d’une invite aux plus hautes autorités du pays afin qu’un monument de remplacement soit érigé, c’est le prêtre traditionnel, Yao Messan Assinou qui est revenu appuyer l’historique faite par Togbui Nodjo. « Le monument d’Ablodé, c’est un monument de l’indépendance, ce n’est pas n’importe quelle pierre avec laquelle tout le monde doit s’amuser. Il est la manifestation de l’alliance entre les populations de l’Avé et Sylvanus Olympio et le peuple togolais. Tout l’Avé serait très content d’un retour de ce monument à sa place, et plus embelli encore qu’avant ».

De retour à Lomé, notre démarche a consisté à rentrer en contact avec la société EBOMAF qui a exécuté les travaux de réhabilitation pour en savoir plus sur un possible réhabilitation ou non du monument. Dans les explications reçues, « l’élargissement de la route pour répondre aux caractéristiques géométriques exigées pour une traversée en agglomération a rendu nécessaire l’enlèvement du monument par les soins des Autorités de la ville » ; et, en lieu et place de ce monument, actuellement, « après les travaux, il existe présentement un îlot directionnel suivant le plan du carrefour prévu à cet endroit ».

Face à une telle évidence, et sans projection sur une remise en place du monument comme souhaité par les populations, notre interlocuteur a indiqué que « le remplacement ou la repose du monument incombe aux Autorités locales et le Maître d’ouvrage qui est le Ministère des Travaux Publics ». Reste dès lors à savoir si ces derniers projettent de tels travaux qui visiblement ne feraient pas partie de ceux confiés à EBOMAF. Toutefois, nous reviendrons sur ce dossier dès que nous disposons de nouveaux éléments.

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