Me Koffigoh, Conseiller Spécial au HCRRUN déballe

Il est ancien Premier ministre du Togo et actuel Conseiller spécial au HCRRUN (Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale). Lui c’est Maitre Joseph Kokou Koffigoh. Dans cette interview accordée à nos confrères de Radio Zéphyr, il déballe tout par rapport au programme d’indemnisation et de réparation des victimes des violences sociopolitiques au Togo. Un programme piloté par le HCRRUN suivant les recommandations de la CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation) et des travaux effectués par la Commission Koffigoh. Il revient sur quatre différents points concernant ce programme qui est actuellement à l’étape de la région maritime pour une assistance aux victimes et ayants-droit. Lisez !
La poursuite de l’œuvre d’apaisement des cœurs par le HCRRUN…
Vous savez que le HCRRUN continue son travail d’apaisement des cœurs comme recommandée par la CVJR et comme cela est soutenue par le président de la République. C’est dans ce cadre que le HCRRUN revient de temps en temps dans telle ou telle région. La dernière fois c’était dans la région des plateaux, la région centrale, l’autre fois c’était la région de la Kara, la région des savanes. Cette fois-ci, c’est la région maritime qui est concernée, toutes les victimes des troubles sociopolitiques que nous avons connus depuis les indépendances jusqu’en 2005, sont appelées, ceux qui n’ont pas encore été indemnisés sont appelés. Ils sont 780 personnes victimes ou ayants-droit qui sont appelés pour bénéficier des mesures de réparation.
Comment les victimes sont choisies…
Aussi bien la CVJR que le HCRRUN bénéficient d’une base de données. C’est-à-dire, les personnes qui ont eu à faire des dépositions auprès de la CVJR et à la commission Koffigoh qui a été créée en 2005 pour mener des investigations sur des troubles politiques de 2005. Cette commission a joint ses travaux avec les travaux de la CVJR et ça figure dans une base de données et de sorte que, il suffit de consulter la base de données pour identifier les victimes. Mais il y a un certains nombres de victimes qui sont décédées. Le HCRRUN procède elle-même à des investigations soit directement ou par l’intermédiaire des comités locaux de paix qui sont dans toutes les préfectures, et notamment dans la région maritime aussi, et ça permet de rechercher les victimes, partout où elles se trouvent pour bénéficier de ces mesures d’apaisement.
Indemnisation, comment elle se déroule concrètement…
Concrètement, les gens vont bénéficier d’un chèque. Généralement les gens s’attendent à venir ramasser de l’argent liquide. Non, on ne peut pas le faire comme ça parce que, il y a plus de 42.000 victimes sur toute l’étendue du territoire. On ne peut pas garder leur argent auprès d’une institution. Donc l’argent est logé à une banque, à la banque UTB. Quand les gens viennent, on procède à une vérification nécessaire de leur identité, de leur affiliation, de leur ascendance et une fois que toutes les vérifications sont faites, ils reçoivent le feu vert pour toucher un chèque et c’est ce chèque qu’ils vont encaisser à la banque.
Prise en charge médico-psychologique…
Il y a également une prise en charge médico-psychologique qui peut-être faite. Le HCRRUN est assisté par l’ONG AIMES Afrique du Dr Michel Kodom. Il envoie généralement un médecin psychologue qui assiste, interroge les victimes après qu’ils aient reçu leur chèque pour voir s’ils ont des problèmes particuliers qui nécessitent que le HCRRUN s’en occupe, parce que le HCRRUN a reçu également ce pouvoir d’aider les gens qui souffrent d’un handicap permanent ou durable suite à des violences qu’ils ont vécu. Ça c’est l’assistance psycho-sociale. Il y a d’autres volets des réparations, c’est que instructions ont été données au HCRRUN de prendre en charge les frais scolaires et les frais d’apprentissage des orphelins des victimes des troubles de 2005. C’est le programme des orphelins et des orphelines. Le HCRRUN a aussi reçu des instructions pour faire ce que nous appelons des réparations communautaires. C’est comme ça qu’un certains nombres de localités qui ont vécus des troubles graves, pour permettre aux populations de se réconcilier et de fraterniser, le HCRRUN mène des investigations qui permettent à ces populations de pouvoir choisir éventuellement une infrastructure ou un projet fédérateur. Certains ont choisi l’adduction d’eau, d’autres ont choisi la construction d’une école, d’autres ont choisi la construction d’un centre médico-social, d’autres ont choisi un centre que nous appelons un centre de retrouvailles, comme un foyer communautaire, et le HCRRUN dispose annuellement du budget nécessaire pour pouvoir intervenir et procéder à ces constructions, toujours dans le sens de remettre les Togolais ensemble pour que nous puissions nous pardonner mutuellement et aller de l’avant.
Cellule Com du HCRRUN
Interview Radio Zéphyr
Transcrite par la rédaction de T228
N.B : Me Koffigoh à gauche sur la photo
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Publié le mercredi 30 octobre 2024, par Gabinho