Infos Togo Projet de Développement Rural de la plaine de Djagblé (PDRD) / Plusieurs années après

Les acquéreurs expropriés toujours pas indemnisés, et pourtant…

Publié le mardi 24 octobre 2023, par Gabinho

Sommes-nous toujours dans un pays de droit ou de non droit ? A cette interrogation, à chacun d’apporter sa réponse. Mais pour les acquéreurs de terrains, expropriés par le Projet de Riz de la Plaine de Djagblé, ils auront toutes les peines du monde à répondre à l’instant actuel par l’affirmatif à cette question. Et pour cause, depuis leur expropriation il y a plus de cinq ans déjà, si certains ayant construit sur leur terrain ont eu droit à une indemnisation partielle (portant que sur les constructions qu’il y avait sur leur terrain avant la réquisition), tous sont sans indemnisation jusqu’à ce jour par rapport à leurs terrains. Plus encore, tout porte à croire que le dossier est au point mort.

Au cours d’une énième rencontre de ces victimes d’expropriation pour cause de projet de riziculture, dimanche dernier à Djagblé, localité à l’entrée Nord-Est de Lomé, ils ont crié leur désarroi vis-à-vis de ce qui leur arrive, et qui semble laisser indifférents les décideurs de la République. « Comment comprendre que leur situation existe avant le début des travaux de la route Lomé-Kpalimé et le projet de Plateforme industrielle d’Adéticopé (PIA), dont les expropriés sont déjà entrés dans leur droit ? », telle est la grande question que d’aucuns peuvent se poser.

Dépassés par les évènements, ces derniers, dont certains d’ailleurs se meurent, ont à nouveau lancé un cri de cœur à l’endroit des autorités togolaises, pour qu’une solution définitive soit apportée à leur situation qui frise à une sorte d’injustice.

Au rang des victimes de cette expropriation, qui attendent toujours d’être indemnisées, dame Brigitte Akakpo-Wallace n’a pas caché sa désolation. « Nous, à qui on a arraché nos terrains, n’avons pas encore été dédommagés. Je suis propriétaire de 2 lots là-bas depuis plus de 7 ans mais rien ne bouge. Jusque-là, nous avons mené des actions pacifiques et nous avons mené des actions pour rentrer dans la jouissance de ces terrains d’une manière ou d’une autre. Malheureusement, nous n’avons pas été entendus. Nous crions et élevons la voix vers le Chef de l’Etat et toute personne responsable qui pourrait agir dans ce contexte précis pour que nous soyons dédommagés », a déclaré cette dernière. Dans la même dynamique que Mme Akakpo-Wallace, Yao Elom Agbo, n’a pas mâché ses mots. « Je suis acquéreur de 2 lots, j’avais participé au financement de la collectivité et après, on nous a donné, au moyen de nos financements, des terrains correspondants. J’ai eu à prendre 2 lots depuis 2011. Et après, il y a eu un projet de l’Etat. On nous a dit qu’on va gérer notre situation mais jusqu’à présent, on a rien eu. Nos actions se sont montrées infructueuses. Notre cri s’adresse principalement au chef de l’Etat parce que nous sommes dépassés. Nous avons compris qu’on ne nous prend pas au sérieux ».

En tout cas, face à cette incompréhension, et à cette situation qui perdure, les expropriés se sont lancés dans une réorganisation du comité qui pilote leurs actions pour mieux se faire entendre et parvenir à leur dédommagement. Ainsi, de nouvelles personnes ont fait leur entrée au comité, toujours dirigé par Mawulé Afatchao. Occasion aussi pour eux de faire le bilan et rafraichir la mémoire des uns et des autres sur tout ce qui a été mené jusqu’alors comme démarche.

Des explications de M. Afatchao, expropriés en fin 2017, les démarches de ces acquéreurs pour être dédommagés ont commencé en début de 2018, juste après le lancement du projet de riziculture en février 2018. Et c’est depuis ce temps que des démarches ont été entamées par un comité d’une dizaine de personnes mis en place par les acquéreurs expropriés. Ainsi, plusieurs portes ont été frappées, du ministère de l’Economie et des Finances pour rencontrer le comité interministériel d’indemnisation, aujourd’hui Comité d’expropriation, jusqu’au ministère de l’Agriculture, en passant par le Médiateur de la République, Mme Awa Nana, les chefs de cantons de Djagblé et d’Abobo… Tout ceci, sans issue possible. Dans sa narration, retient-on, également que « depuis on échange mais on ne voit pas l’action du gouvernement suivre. Nous nous sommes rencontrés entre victimes pour voir dans quelle mesure relancer nos actions. Nous prenons appui sur la constitution qui dispose que pour utiliser le terrain de quelqu’un, il faut trouver un terrain d’entente avec lui. A ce jour, on n’a jamais eu de réponse. Nous ne savons pas jusqu’à ce jour ce qui se passe concrètement sur notre dossier. Notre dossier existe avant la route Lomé-Kpalimé dont les expropriés ont pu être indemnisés. Notre dossier existe avant le projet de Plateforme d’industrialisation d’Adéticopé (PIA) et on a pu indemniser les expropriés, pourquoi jusqu’alors le paiement des acquéreurs dans le projet de riziculture traine autant ? C’est cette interrogation face à laquelle nous sommes chaque fois ».

Pour information, financée à hauteur de 9,6 milliards de FCFA par la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA), la Banque islamique de développement et l’Etat du Togo, ce projet de riziculture sur une superficie de 340 hectares sur la rive gauche du fleuve Zio dans la plaine de Djagblé, a été lancé en 2015 par le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu.

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